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Quelques jours après la rentrée de la colonne expéditionnaire de Kabylie, au mois de juillet 1853, je quittai Constantine pour me rendre dans les monts Aurès, où j’avais connaissance d’un vieux lion qui s’était établi près de Krenchela.

Les indigènes, fatigués des pertes qu’il leur faisait éprouver, s’étaient réunis un jour au nombre de deux ou trois cents, dans le but de le tuer ou de le chasser du pays.

L’attaque eut lieu au lever du soleil ; à midi, cinq cent cartouches avaient été brûlées ; les Arabes emportaient un mort et six blessés, et le lion restait maître du champ de bataille.

À mon arrivée dans la vallée d’Ourtèn, le 18 juillet, je reçus une députation de chaque douar des environs, qui, après les plaintes d’usage, m’offrait une prise d’armes générale. Sidi-Amar, le marabout de l’endroit, vint à son tour m’apporter sa prédiction en ces termes :

— S’il plaît à Dieu de bénir tes armes, dans quelques jours nos femmes et nos enfants accouront ici, sous cet arbre, pour compter des yeux et du doigt les dents et les griffes du malfaiteur, et baiser la main qui apporte la paix dans la montagne.

À cette prédiction du marabout, la proposi-