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Enfin, le jour se fit et le lion s’éloigna.

Au moment où le malheureux sortait du silo, il se trouva en présence de plusieurs cavaliers du bey qui étaient sur ses traces. Un d’eux le mit en croupe, et il fut ramené à Constantine, où on l’incarcéra de nouveau.

Le bey, ne voulant pas croire à l’événement raconté par ses serviteurs, désira voir cet homme et le fit venir devant lui, toujours traînant la jambe de son frère. Malgré sa réputation de cruauté, Ahmed-Bey, en le voyant, ordonna que l’entrave fut brisée et lui fit grâce de la vie.

Quoique doué de sens très-subtils, d’une force et d’une souplesse à nulle autre pareilles, le lion de l’Algérie ne chasse point.

Seulement, s’il aperçoit de loin un ou plusieurs sangliers, il va à pas de loup faire en sorte de les surprendre ; mais, dès qu’il est éventé ou entendu, les bêtes noires détalent, et le lion descend dans la plaine chercher son souper dans un parc, ce qu’il trouve infiniment plus commode et plus sûr.

J’ai vu quelquefois des compagnies de sangliers vider une enceinte en plein jour quand un des leurs avait été croqué ; mais j’ai vu plus souvent encore lions et sangliers habiter la même forêt sans s’occuper les uns des autres.