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prends ces armes, quitte ton burnous, qui est trop blanc, et serre ta chemise à ta ceinture.

Pendant que notre élève fait sa toilette, le vieillard passe sous la tente d’un ami et lui dit :

— Mon fils est prêt.

Les mamans pleurent un peu, dans la crainte d’un insuccès ou d’un malheur ; mais on leur dit que les jeunes gens seront conduits par un homme courageux et prudent.

Tout s’arrange pour le mieux, et à dix heures, par une pluie battante et par une nuit noire, trois hommes, couverts d’une chemise couleur de terre, relevée au-dessus du genou par une ceinture de cuir, quittent le douar avec mystère.

Sous un burnous rapiécé en mille endroits, et qui a servi à trois générations sans être jamais lavé, chacun de ces aventuriers cache un pistolet et un poignard. La tête est couverte d’une calotte de couleur brune et les pieds sont nus.

Ils marchent en silence à travers champs, et ne s’arrêtant qu’en vue des feux ennemis. C’est un douar de dix à douze tentes, placées en rond-point et se touchant ; au milieu sont les troupeaux. En dehors et devant chaque tente veillent une multitude de chiens faisant bonne garde.