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je ne m’en écarte jamais sans prendre ma carabine.

Je connais un grand nombre d’exemples récents d’Arabes qui ont été dévorés par le lion ; mais je ne citerai que le suivant, parce qu’il est connu de tous les indigènes de Constantine, et qu’il s’est accompli dans des circonstances on ne peut plus dramatiques.

C’étaient quelques années avant l’occupation de cette ville ; parmi les nombreux détenus dont les prisons regorgeaient, se trouvaient deux condamnés à mort, deux frères qui devaient être exécutés le lendemain.

Ces hommes étaient des coupe-jarrets de grandes routes, dont on citait des traits de force et de courage surprenants. Le bey, craignant une évasion, ordonna qu’ils fussent entravés, c’est-à-dire qu’un pied de chacun d’eux fût enfermé dans le même anneau en fer rivé sur les chairs.

Tout le monde ignore comment les choses se passèrent, mais chacun sait que, lorsque l’exécuteur se présenta, la prison était vide.

Après avoir fait de vains efforts pour ouvrir ou couper leur maudite entrave, les deux frères qui étaient parvenus à s’évader, gagnèrent à travers les champs afin d’éviter toute mauvaise rencontre.