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Il va sans dire que je ne fermai pas l’œil de la nuit.

À la pointe du jour, nous arrivâmes au gué ; point de lion ; — un os, gros comme le doigt, que nous trouvâmes au milieu du sang que l’animal avait perdu en abondance, me fit juger qu’il avait une épaule cassée.

Une racine énorme avait été coupée par la gueule du lion contre le talus du gué, à un demi-mètre de l’endroit ou j’étais assis.

La douleur qu’il dut éprouver dans ce mouvement offensif, qui le renvoya en arrière, causa sans doute les plaintes que j’avais entendues et le fit renoncer à une seconde attaque.

Nous suivîmes en vain ses traces par le sang, le ruisseau, qu’il avait descendu, nous les fit perdre ce jour là.

Le lendemain, les Arabes du pays, qui avaient des griefs contre leur hôte, persuadés, du reste, qu’ils le trouveraient mort, vinrent me proposer de chercher avec moi.

Nous étions soixante, les uns à pied, les autres à cheval ; après quelques heures de recherches inutiles, je rentrai au douar et me disposais à partir, quand j’entendis plusieurs coups de feu et des hourras du côté de la montagne. Il n’y avait pas à en douter, c’était mon lion.