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qu’à cette heure l’animal était à moitié endormi et avait l’estomac et le ventre pleins ; on a dit que le lion n’attaquait pas l’homme. En effet, le lion ne tue pas pour le plaisir de tuer ; mais il tue pour vivre et se défendre quand on l’attaque.

Dans un pays comme l’Algérie, littéralement couvert de troupeaux, le lion n’est jamais à jeun pendant le jour. Les indigènes qui savent cela, ont soin de rester chez eux à l’heure où le lion quitte son repaire, et s’ils sont obligés de voyager la nuit, ils ne vont jamais seuls ou à pied.

Comme on le verra au chapitre de la chasse au lion, lorsqu’un de ces carnassiers rencontre une troupe d’hommes, il croit toujours avoir affaire à des maraudeurs, et les suit pour avoir sa part dans la prise.

Quant à moi, je déclare que si j’ai remarqué de l’indifférence dans la physionomie de quelques lions que j’ai rencontrés le soir, je n’ai vu que des dispositions très-hostiles chez tous ceux qui se sont trouvés sur mon chemin la nuit.

Je suis tellement sûr qu’un homme isolé est perdu sans ressource s’il fait une pareille rencontre, que, lorsque ma tente est établie dans la montagne, dès que la nuit est arrivée,