faucon qui venaient de tomber devant eux, portèrent l’un et l’autre au cheik du pays. Celui-ci, s’étant renseigné, apprit que ce faucon appartenait à un chef du sud qui chassait dans la plaine d’El-Outaïa le jour où son faucon tuait l’outarde au Ferjioua. Or il n’y a pas moins de cinquante lieues à vol d’oiseau d’El-Outaïa, où l’outarde était attaquée à midi, au Ferjioua, où elle était portée bas à quatre heures.
J’ai parlé, au commencement de ce chapitre, d’un nommé Mabrouk, qui était le fauconnier le plus passionné que j’aie jamais connu.
Cet homme, qui est mort depuis deux ans, ne chassait que l’outarde.
Lorsque ses oiseaux s’étaient bravement conduits dans une chasse, il ne permettait pas aux oiseleurs de les toucher.
Après les avoir tous bien embrassé en les appelant par leurs noms, il les plaçait sur son épaule et sur sa tête, puis il remontait à cheval, emportant ainsi jusqu’à sa tente ce qu’il appelait sa chère famille.
Cette passion allait si loin, que, quoique réputé assez bon père, il aimait mieux ses faucons que ses femmes et ses enfants, et que, avant de mourir, ses dernières caresses, ses derniers regrets, furent pour les premiers.