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que m’inspirait son caractère me faisait passer outre et le bien accueillir toutes les fois que j’allais dans sa tribu.

Au mois de mai 1850, je procédais à la perception des impôts dans le pays qu’habite Abdallah. Dès qu’il apprit mon arrivée, il s’empressa de me faire sa visite et me demanda la permission de venir tous les jours dans mes moments de loisir.

Comme j’avais beaucoup de plaisir à entendre ses récits de guerre et de chasse, je ne lui cachai point que je le recevrais volontiers, et j’appris le lendemain qu’il s’était installé sous la tente de mes spahis pour la durée de notre séjour.

Un soir où j’étais désœuvré et où quelques chefs indigènes se trouvaient réunis sous ma tente, je fis appeler Abdallah pour lui faire raconter une des anecdotes de son répertoire. Après avoir échangé les saluts d’usage avec mes hôtes, qui étaient de ses amis, et s’être enquis de ce que je désirais de lui, Abdallah se recueillit un instant, puis il prit la parole en ces termes :

— Dans le courant de l’année où Alger tomba au pouvoir des chrétiens, nous eûmes, mon cousin Lakdar et moi, l’idée de mystifier un cheik des Ouled-Bou-Ghanem, notre