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soirs un peu avant le coucher du soleil, s’abreuver en aval d’une source gardée par un de nos postes. Le bruit de la fusillade et du canon finit par les éloigner et les obliger à chercher des parages plus tranquilles.

La gazelle et le lion sont les deux extrêmes pour le moral et le physique.

Elle est timide autant qu’il est audacieux, faible autant qu’il est fort, belle par la finesse, la distinction, la délicatesse de ses formes et la douceur de son regard, comme il est beau par sa prestance de roi tenant son trône du ciel, par les proportions de son corps pétri de force, de souplesse et d’élégance, et la fierté placide de son regard, qui impose le respect et magnétise.

Si l’espèce humaine n’avait pas dégénéré, on pourrait comparer la gazelle à la femme et le lion à l’homme ; mais, s’il reste quelques femme qui méritent cette comparaison, et il en reste, le plus bel homme de notre siècle paraîtrait bien laid à côté du roi des animaux. Les Arabes rendent justice au mérite personnel de la gazelle, et surtout à la beauté de ses yeux, ce qui ne les empêche pas de lui faire une guerre à outrance.

Dans le sud, il la chassent comme l’antilope et avec des lévriers.