Page:Gérard - La chasse au lion, 1864.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 11 —

même temps l’un contre l’autre et roulèrent ensemble sur l’herbe de la clairière pour ne plus se relever.

La lutte fut longue et effrayante pour le témoin involontaire de ce duel.

Tandis que les os craquaient sous les gueules puissantes des deux combattants, leurs griffes semaient la clairière de leurs entrailles, et des rugissements, tantôt sourds, tantôt éclatants, disaient leurs colères et leurs douleurs.

Au commencement de l’action, la lionne s’était couchée sur le ventre, et, jusqu’à la fin, elle témoigna avec le bout de sa queue le plaisir qu’elle éprouvait à la vue de ces deux lions s’égorgeant pour elle.

Quand tout fut dit, elle s’approcha prudemment des deux cadavres pour les flairer, puis elle s’éloigna sans daigner répondre à l’épithète un peu grossière, mais tout à fait de circonstance, que Mohammed ne put s’empêcher de lui jeter à défaut d’une balle.

Cet exemple de la fidélité conjugale de la lionne est applicable à toutes ses pareilles. Ce qu’elles recherchent d’abord, c’est un mâle adulte et fort qui les débarrasse des jeunes lions, dont les combats continuels les ennuient ; mais, dès qu’un lion plus fort se présente, il est toujours le bienvenu.