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servait que deux repas par jour. Le dîner était composé d’un potage, d’une portion de viande et d’une portion de légumes. Si les légumes faisaient défaut, on servait deux portions de viande ou de lard. À souper, on se contentait d’une portion de viande ou d’une seconde portion de légumes. Les jours maigres, on donnait pour le dîner une portion de fromage, une autre de légumes et quelquefois de poissons. Les jours de jeûne, la portion était triple, parce que l’on ne faisait qu’un seul repas. Ils usaient de pain à discrétion, à l’exception des jours de jeûne. Ils étaient plus généreusement traités pour la boisson. Chaque chanoine avait trois chopines de vin à dîner, et deux à souper. On donnait de la bière à ceux qui ne buvaient pas de vin. « Je ne sais, dit l’abbé Grandidier, si les chanoines étaient obligés de boire leur portion, mais apparemment qu’on appréhendait qu’elle ne fût trop forte pour quelques-uns, puisqu’on leur recommande de ne point s’enyvrer[1]. »

Cependant l’on voit déjà les chanoines de Strasbourg graviter, à travers la règle de saint Chrodegang, vers un avenir meilleur. À certaines grandes fêtes, ils jouissaient du service plein ou grand service ; à certaines autres moins solennelles, et pendant les octaves de Noël, de Pâques et de la Pentecôte, du demi-grand service. Un manuscrit du trésor de la cathédrale, qui porte le titre de Antiquus liber culinæ summi capituli argentinensis, retrace dans leurs détails ces deux espèces de service. Les jours de grand service on fournissait au chanoine qui était de tour pour la cuisine deux muids de froment, trois cochons de huit mois à un an, que le texte appelle Frisginga, trois cochons de lait, un porc, quarante-quatre poulets, douze fromages, cent dix œufs, un demi-seau de lait, une demi-livre de poivre, du miel en suffisance et dix seaux de vin. Dans les fêtes d’été, on servait quatre agneaux d’un an au lieu de trois cochons de lait. Depuis le dimanche de Pâques jusqu’à la mi-mai, on ajoutait au service plein trois agnelets,

  1. Grandidier, Hist. de l’Église de Strasbourg, t. Ier, p. 179.