livres, et il fut vendu au même prix[1]. Dans la période assez longue de 1654 à 1686 on en pêcha 22 seulement, pas même un par année. À la fin du dix-huitième siècle, on en prit chaque été deux ou trois, et qui pesaient communément 400 livres[2]. Les journaux alsaciens ont profité des eaux si singulièrement basses de l’année 1858 pour nous faire croire qu’on avait vu, à leur faveur, dans un bras du Rhin situé dans la banlieue de Herrlisheim (Bas-Rhin) et séparé, depuis un siècle, du fleuve par une digue de terre, un esturgeon de dimension gigantesque qui serait prisonnier dans ces eaux depuis le règne de Mme de Pompadour. La chose est possible, mais avant de l’élever à la dignité d’un fait historique, j’attendrai qu’elle soit authentiquement établie et prouvée. Jusque-là l’esturgeon-Latude de Herrlisheim (Bas-Rhin) ne sera qu’une fable.
Le silure, qui dévore pour son plaisir les fiancées et ne rend leurs bagues que lorsqu’il y est forcé[3], est à peu près inconnu dans les parages du Rhin alsacien. Il était assez abondant dans le lac de Constance, où nos anciens pêcheurs le cherchaient pour le conserver et l’élever dans leurs viviers[4]. Sa chair est presque aussi estimée que celle du saumon. Notre histoire ne mentionne qu’un seul silure pris en Alsace. Cet aventurier, qui fut pêché dans l’Ill en 1569, fut placé dans un vivier où on le nourrit jusqu’en 1621, et qu’il mourut par un été très-chaud. Il avait 5 pieds de long[5].
Les saumoneaux sont-ils les descendants réguliers et légitimes des saumons ou bien constituent-ils une espèce spéciale ? C’est un mystère qu’il faut laisser éclaircir par les naturalistes. Il me suffit, au point de vue de l’art alimentaire, de savoir que ces salmonides ont joui très-anciennement d’une excellente renommée.