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du poisson dans les anciens temps, et de la beauté particulière de quelques exemplaires de choix demeurés fameux. Une vieille chronique rapporte qu’en l’année 1588 l’on prit dans les eaux de Strasbourg 88.000 nases. En 1647, on exposa en vente à Strasbourg, en un seul jour, 143 saumons[1] ; en 1535, le marché de Guebwiller en vit, en un seul jour, à la Saint-André, 90 pièces[2]. L’on signale çà et là des carpes du Rhin de 40 livres[3] et même de 49 livres[4] ; dans l’Ill on en prenait de très-grosses, et Billing dit qu’elles étaient excellentes et d’une saveur parfaite[5]. Celles du Doubs, chez nos voisins de Montbéliard, étaient moins belles, puisqu’on rapporte comme un fait digne de souvenir que lorsque l’intendant d’Alsace, Colbert de Croissy, fit visite, en 1666, au duc Georges de Wurtemberg, on servit au dîner du prince une carpe de 18 livres. Il est vrai qu’on ajoute cette mention honorable que ce morceau était escorté de douze têtes de carpes dont la moindre avait pesé 2 livres[6]. — Graffenauer a encore vu des brochets d’un mètre de long[7]. Aux fêtes offertes par Strasbourg à Louis XV, en 1744, les pêcheurs qui donnaient au roi le spectacle d’une pêche arrangée sur l’Ill, en retirèrent devant lui du poids de 36 livres[8]. Dans le pays de Porentruy, ceux de 20 livres n’étaient pas rares[9]. Les brochets de l’Ergers jouissaient d’un renom tout exceptionnel, à cause de leur saveur et de leur délicatesse. Ceux du lac de Longemer étaient excellents et atteignaient quelquefois 15 ou 18 livres[10]. L’étang de la Forge, à Belfort, en a fourni, sur la fin du siècle dernier, de 40 et de 45 livres. Mais que

  1. Friese, Oekonom. Naturgesch., p. 97.
  2. Chronique des Dominicains de Guebwiller, p. 213.
  3. Graffenauer, Topogr. de Strasbourg, p. 88.
  4. Friese, loc. cit., p. 101.
  5. Billing, Beschreibung des Elsasses, p. xxxiii.
  6. Duvernoy, Éphémérides du comté de Montbéliard, p. 402.
  7. Graffenauer, Topogr. de Strasbourg, p. 88.
  8. Weiss, Description des fêtes de 1744, in-fol., p. 18.
  9. Morel, Stat. de l’évêché de Bâle, p. 192.
  10. Jacquel, Topogr. de Gérardmer, p. 63.