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En voici deux qui parlent en vers, poésie un peu dressée, poésie de soldats qui ont su un peu de rhétorique, mais qui l’ont perdue par les chemins :


La Chapelle, lieutenant de Vauciennes,
Voulant suivre les loix anciennes,
Chérissant les soupirs de la corne,
S’en mettant de la confrairie
De ceux qui la boiront souvent
Afin de maintenir le courant.


L’autre, Baillet de Daulcour, s’en tire mieux. C’est de droit ; il est capitaine :


L’honneur m’accompaigne,
La vertu me conduit.
Si le boire je dédaigne,
Pour un autre déduit,
C’est pour en mieux valoir.
Je quitte l’étendard
Combattu du pouvoir
De la corne du Haut-Barr.


Le 20 juin, arrive le lieutenant Huvet avec sa compagnie. « Il rend le devoir à la corne » ; mais comme il est amoureux, « il le fait rendre aussi à toute sa compagnie, qui boit à la santé de sa maîtresse ». Voilà une bien galante action et qui a certainement procuré plus de plaisir aux soudards du régiment d’Allincourt qu’à la dulcinée inconnue du sieur Huvet. Cette procession continue jusqu’à l’automne. Alors viennent les dames. « Moi Madelaine de Saint-Simon, fille du gouverneur de Saverne, avons venu à Haut-Barr et y avons demeuré quinze jours, et n’a pas voulu manquer de rendre le devoir que l’on a coutume d’observer, qui est de boire dans la grande corne ; 3 octobre 1634. » Puis vient la mère. « 23 octobre. Moi damme de Saint-Simon, gouvernante de ce lieu de Saverne, et autres lieux, avec mon fils le vicomte de Saint-Simon et mon fils de Talleri et ma fille ont bu dans la corne et ont demouré ici quelque