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une justification suffisante de cette institution, se mirent en tête que ses fondateurs avaient eu un but politique et municipal, et ils assuraient que l’objet de la société était « la conservation de la cité ». Nous ne disputerons pas là-dessus. On ne sait où elle siégeait dans ses commencements. Au seizième siècle elle était installée dans une maison à elle, appelée Zum Wagkeller ; ce local avait pris son nom de l’édifice municipal connu sous la même désignation et qui était dans le voisinage de cette maison. Elle y a tenu ses assemblées jusqu’en 1651. Depuis cette époque jusqu’en 1697, la société a loué sa maison à la ville, et en 1697 elle a été réunie au bâtiment que la ville avait cédé pour devenir le siège du Conseil souverain. À partir de la fin du dix-septième siècle, la société n’eut donc plus de pénates ; elle se borna à exister comme corps de communauté, avec une administration, des dignitaires et quelques revenus, mais sans siège officiel et permanent. La conquête française lui avait été fatale. Son histoire véritable et son lustre certain ne vont pas au delà du temps de la paix de Ryswick.

La société du Wagkeller était une association essentiellement libre ; tous les membres étaient égaux entre eux. Sans dépendre de l’autorité publique, elle était pourtant assujettie à sa juridiction ou, pour parler plus exactement, placée sous son patronage et sa protection. « Son objet n’a jamais été autre que de se rassembler amicalement dans une auberge appartenant à la société, pour y boire, fumer, manger, converser, jouer des petits jeux de commerce, s’amuser ensemble. Elle n’a jamais formé de tribu, de curie ou de corps politique, mais une simple association de personnes libres, indépendantes entre elles, liées par les simples liens de l’honnêteté et de l’amitié, sans autre but que de s’amuser suivant les goûts du siècle. »

Elle était régie par deux dignitaires élus chaque année le jour de la Saint-Étienne. L’un était receveur-trésorier, qui portait le nom de Stubenmeister ; il faisait les recettes et payait les dépenses ordonnées par l’association. L’autre était le Küchenmeister, littéralement