des Chartreux de Molsheim, les vins rouges de Saint-Léonard et d’Ottrott que récoltait le Grand-Chapitre[1], étaient les crus d’honneur de ce vaste canton vinifère. L’Altenberg et le Rott de Wolxheim étaient néanmoins leurs maîtres à tous ; ce sont les premiers vins de l’Alsace inférieure pour leur velouté et leurs qualités bienfaisantes ; ils ont eu la gloire d’être aimés de Napoléon Ier[2]. Mittelbergheim avec son Ritteney et son Zotzenberg, Tiefenthal avec son Neubruch rouge appartenant aux Bulach, Dambach, le plus fort vignoble du Bas-Rhin, étaient des communes fort visitées des marchands. Reichsfeld, si déchu aujourd’hui, produisait, selon un topographe alsacien, le meilleur vin de la Basse-Alsace, que les Strasbourgeois se disputaient avant la récolte, anticipando[3]. Heiligenstein triomphait avec son Clewener, que les uns prétendent avoir été tiré de Chiavenna et dont les autres rapportent le nom à la qualité sucrée et gluante du raisin qui le produit. Le val de Villé, un coin sauvage des Vosges, récolte un vin rouge qui a de la réputation, et Lièpvre, où existait une antique abbaye fondée par Fulrad, avait un cru pourpré qu’un touriste strasbourgeois signalait honorablement il y a un siècle[4].}}
Voici en remontant le pays, au pied du Hoh-Kœnigsbourg, Saint-Hippolyte qui a arraché cette exclamation à Fischart :
Roter von Sant-Bilt,
Ô wie milt[5] !
(Ô rouge de Saint-Hippolyte, que tu es bienfaisant !)
Plus loin Rodern ; Bergheim et ses excellents crus du Tempelhoff et du Canzelberg ; Ribeauvillé, avec ses Riesling vigoureux, meilleurs que ceux du Palatinat, ses tokays ardents, son Geisberger,