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vantait leur force et leur fougue si estimées[1]. Le géographe français Duval leur rendait ce témoignage honorable : « Le vin d’Alsace est fort agréable à boire, et l’on en recueille une telle quantité que l’on en transporte en Suisse, en Souabe, en Bavière, en Lorraine, en Flandre et même en Angleterre[2]. » Un administrateur, le positif intendant de La Grange en parlait ainsi, en 1697 : « On envoyait une quantité considérable de vin de la Haute-Alsace en Hollande d’où il se transportait en Suède et au Danemark et se débitait pour vin du Rhin. L’on a remarqué qu’au lieu de s’affaiblir en demeurant longtemps sur l’eau, il augmentait en bonté, le soufre qu’il tire du terroir y contribue et c’est ce qui lui donne une force extraordinaire qui se modère par un long transport[3]. »

Doppelmeyer, un topographe allemand, appelait l’Alsace la « cave à vin des pays environnants[4] ».

En 1776, la seule ville de Lucerne en acheta pour plus d’un million[5].

Je pourrais multiplier des citations de ce genre presque à l’infini. Ces éloges généraux suffisent à établir le renom des vins d’Alsace. Nous allons pénétrer dans le détail des espèces.

Une nomenclature qualitative prêterait trop à l’arbitraire et au caprice des goûts. J’adopterai simplement l’ordre géographique en partant de la frontière septentrionale.

La partie de l’Alsace que les traités de 1815 nous ont arrachée, le pays de Landau et de Bergzabern, fournissait le Dœrrenbach, le Pleisweiler, les vins rouges moréotes de Gleiszellern, de Gleishorbach[6] ; autour de Wissembourg, on signalait les crus de Roth,

  1. Rœsslin, Das Wasgauische Gebirg, p. 1.
  2. Duval, Acquisitions de la France, 1679, p. 23.
  3. La Grange, Mémoire sur l’Alsace. Mss., p. 299.
  4. Doppelmeyer, Beschreibung des Elsasses, p. 4.
  5. Billing, Beschreibung des Elsasses, p. VII.
  6. Friese, Oekonom. Naturgesch., p. II.