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À quoi, Jean répond :


J’ai rôti pour la table de mon maître

Chapons, oies, poissons,
Venaisons, pâtés et marcipan :
Ô malheur à mon ventre !

Il faut donc quitter la vie !

L’église de Colmar avait à son service, il y a vingt-cinq ans, un organiste qui envisageait la mort plus philosophiquement que ne le fait le grand-queux du poëme macabre de Bâle. À la vérité, il s’agissait de la mort des autres. Cet organiste était plus de l’école de Rabelais que de celle de Sébastien Bach, et mettait sans façon Chevet au-dessus de sainte Cécile. Quand il entendait sonner le glas d’un décès, il dressait l’oreille et écoutait la mélodie. Si la sonnerie était riche, bien étoffée, M. Vonesch, qui avait un appétit à la Louis XIV, cinglait tout droit chez le traiteur ; il y mangeait joyeusement la moitié de la messe noire du lendemain, et buvait non moins gaîment tout le Dies iræ.

Ce souvenir nous ramène à des idées plus riantes. Nous allons aborder une des plus grandes consolations de l’humanité, le chapitre des bons vins avec la manière ancienne de s’en servir.