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de l’empire des Habsbourg, en ce temps-là, s’il était nécessaire de faire les prescriptions suivantes. « Son Altesse Impériale et Royale ayant daigné inviter plusieurs officiers à sa table, comme j’ai eu maintes fois occasion de remarquer que la plupart des officiers observent entre eux la plus grande courtoisie et bienséance et se conduisent en véritables et dignes cavaliers, ce néanmoins je dois signaler à l’attention des cadets qui ne sont pas encore suffisamment rabotés, la mesure régulaire suivante :

« 1° Présenter ses civilités à Son Altesse en tenue propre, habits et bottes, et ne point arriver à moitié ivre ; 2° à table, ne point se balancer sur sa chaise ou étendre ses jambes tout du long ; 3° ne pas boire après chaque morceau, sans cela on se soûle trop vite ; ne vider, après chaque plat, le hanap qu’à moitié, et avant de boire, s’essuyer proprement les moustaches et la bouche ; 4° ne pas mettre la main dans le plat, ne point jeter les os derrière soi ou sous la table ; 5° ne point se lécher les doigts, ne point cracher sur l’assiette, ni moucher dans la nappe ; 6° ne point hanaper trop bestialement au point de tomber de sa chaise et de ne pouvoir marcher droit devant soi[1]. » Quand les soldats de Gustave-Adolphe et du cardinal de Richelieu n’auraient servi qu’à dégrossir de pareils malotrus, la guerre de Trente ans se trouverait suffisamment justifiée.

Que la politesse et les bienséances, dans le degré de nette simplicité, de correction et de bon ton auquel nous les voyons aujourd’hui parvenues, aient été lentes à s’établir et surtout à pénétrer dans toutes les parties du corps social, c’est ce dont on ne peut douter. L’imprimeur Amand Kœnig, de Strasbourg, a édité, en 1766, des Éléments de politesse où nous pouvons voir comment la civilité était entendue du temps de Mme Dubarry[sic]. L’auteur de ce livre est un M. Prévost. Nous emprunterons à notre professeur de belles manières, sur la conduite à tenir à table, une double série de recommandations et nous nous étonnerons

  1. Document publié par l’Ostdeutsche-Post, année 1860.