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Heintzinus de Grüne, Jean Curriparius et Guillaume Cellerarius[1]. Nos évêques, le comte de Hanau, le comte de Ribeaupierre, etc., avaient leurs maîtres d’hôtel ; c’étaient presque toujours des nobles, comme Jacques de Landsperg attaché, en 1507, à Guillaume de Hohnstein, et Érasme de Venningen qui était au service de la maison de Ribeaupierre au dix-septième siècle. Au-dessous d’eux venaient les cuisiniers opérateurs, l’échanson, le panetier, les marmitons, les femmes de service, les servants de table (Tafeldecker), le jardinier, le pêcheur, les chasseurs, tout un monde. Dans beaucoup de maisons monastiques, les moines ou les religieuses se choisissaient leur administration culinaire dans le personnel de la communauté ; mais chez les chanoines de Saint-Augustin, chez les Bénédictins et dans quelques autres ordres, la cuisine était régie par des laïques. Les abbés des grands monastères ne se mettaient guère en route sans leur cuisinier ; quand celui d’Einsiedlen venait à Sierentz, son cuisinier avait le droit de choisir dans le troupeau commun un bœuf ou un porc[2].

En 1763, la cuisine de Ribeauvillé était composée d’un chef français, d’un rôtisseur de la même nation, d’un second cuisinier et d’un pâtissier-confiseur, tous deux Allemands. Il y a loin de ces modestes exemples aux deux cent soixante-dix-sept cuisiniers que Parménion trouva, après la bataille d’Arbelles, dans la smalah de Darius.

Les Alsaciens ont toujours été d’assez bons cuisiniers. Ceux qui, de nos jours, vont faire leur stage dans les laboratoires célèbres de Paris, sont excellents et très-recherchés à l’étranger. Ils n’effaceront pourtant pas la mémoire de quelques notabilités historiques. Je n’en veux citer que trois ou quatre.

L’abbaye de Sturzelbronn avait, avant 1789, un cuisinier tellement habile que son art tenait du sortilège. Il avait réussi à supprimer le maigre, tout en respectant religieusement les prescriptions

  1. Trouillat, Monuments de l’évêché de Bâle, t. III, p. 565.
  2. Idem, p. 517.