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à Wingen, à Gensburg. La batterie de cuisine, poêles, casseroles, chaudrons, petits ustensiles, etc., était confectionnée sur place, dans chaque ville, par les artisans indigènes. On ne connaissait pas alors ces grandes usines spéciales qui monopolisent tout un ordre de produits. Les objets en fonte, réchauds, marmites, fourneaux, étaient fournis par les fonderies du pays, notamment, depuis le dix-septième siècle, par celles de Zinswiller. Un inventaire de 1530 nous signale dans la cuisine du Hoh-Kœnigsbourg, parmi plusieurs objets indifférents, huit broches à rôtir[1] ; cet instrument dont la présence était commune chez nous au seizième siècle, au rapport des voyageurs, a presque été abandonné et ne reprend que difficilement le rang qui lui est dû.

Les chaudronniers ambulants sont bien anciens chez nous, comme on le voit par la singulière institution d’un fief des chaudronniers (Kesslerlehn) en faveur des Rathsamhausen[2]. Un pâtissier de Colmar, qui est un poëte original, Joseph Mangold, possède encore une partie des formes dont les sœurs des Unterlinden se servaient pour faire leur pâtisserie qui était réputée ; elles sont très-variées.

La vaisselle d’étain, assiettes, plats, soupières, gobelets, salières, cuillers, etc., dominait dans les maisons bourgeoises. Celle de Nuremberg était la plus recherchée. Pourtant, toutes nos villes de quelque importance avaient leurs potiers d’étain (Zinngiesser). Ceux de Strasbourg jouissaient de quelque renommée. Leurs produits se signalaient par un certain degré d’élégance et quelquefois même par des intentions artistiques ; j’ai vu d’anciennes pièces en étain, soupières, aiguières, canettes, d’un excellent cachet. Une des gloires de la ménagère, et le meilleur symptôme de son bon gouvernement, était de veiller à la netteté et à l’éclat de sa vaisselle. Montaigne remarquait déjà que, même dans les auberges, les Allemands « fourbissent beaucoup mieux

  1. Légendes et chroniques alsaciennes, p. 168.
  2. Das Kesslerlehn par C. Heitz. Alsatia, 1854-1855, p. 226.