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somptuaire, s’adressant à un ordre de citoyens qui a toujours fait plus de cas des censures morales que des mandements répressifs. Les avocats du Conseil souverain du dix-septième siècle se sont-ils rangés à la discipline que recommandait Le Laboureur ? La chose n’est pas douteuse, puisqu’en 1694 le même avocat général rendait au barreau un hommage qu’il n’avait pu mériter que par la régularité de ses mœurs, son amour du travail et le renoncement aux anciennes habitudes allemandes. « Il y a douze ans », dit-il dans sa harangue de rentrée, « ce barreau n’étoit rempli que d’avocats qui, n’ayant que le nom et la robe, étoient tout au plus de mauvais lecteurs de plaidoyers mal digérés. Cela nous fit former le dessein de changer cet abus en excitant les avocats à imiter ceux du Parlement du royaume. En quoy nous avons si bien réussi qu’il y a déjà plusieurs années que ce barreau s’est perfectionné à un tel point que tous ceux qui ont entendu vos discours solides et éloquents sont convenus que l’on plaidoit à Brisack sur les bords du Rhin comme on plaide à Paris sur les bords de la Seine[1] ». Je crois que sur ce dernier point, M. Le Laboureur les flattait ou que l’enthousiasme de sa réforme l’emportait un peu trop loin. Les avocats d’aujourd’hui seraient bien heureux de mériter la moitié des éloges dont on comblait leurs confères en 1694.

  1. Recueil de harangues prononcées devant le Conseil souverain d’Alsace. Mss. appartenant à M. H Wilhelm, avocat.