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police de tous les repas qui se feront chez les sujets de la république. « Assurément, dit-elle, les réunions, les sociétés et les repas honnêtes, quand le tout est pratiqué avec mesure et bon entendement, ont une grande utilité, en ce qu’ils établissent et maintiennent entre les membres d’une même commune l’affection et la confiance ; mais la condition privée des citoyens aussi bien que l’intérêt de l’État reçoit un grave dommage et est exposée à de notables périls, si ces habitudes dégénèrent en libertinage coupable et se dégradent par les excès dans le boire et le manger. » Après avoir rappelé une douzaine de mandements promulgués de 1510 à 1622, et qui avaient pour but de réprimer les abus de la table, « à quoi elles ne sont pourtant pas parvenues », le code de 1628 recommande sévèrement à tous les membres de la république de se garder du vice honteux de l’ivrognerie, de toutes folles dépenses en festins, banquets, grands repas, réunions et mangeries quelconques « afin que les dons de Dieu soient employés raisonnablement, avec la modération chrétienne, et que la nourriture passagère ne soit point dissipée (vergeitet) au grand détriment de notre corps, de notre honneur, de notre bien et surtout de notre âme ». Ceux qui ne seront pas arrêtés sur la pente de ces funestes entraînements par la pensée que Dieu les punira, « doivent s’attendre à une sévère répression de la part de l’autorité de la république ».

Elle accorde aux deux premiers ordres de citoyens le droit de présenter sur leur table huit plats ; à la troisième classe, six plats ; aux trois dernières, quatre plats ; les mets froids compteront aussi bien que les mets chauds ; néanmoins le rôti pourra consister en trois sortes de viandes. S’il s’agit de traiter quelque étranger de distinction, l’on pourra, en son honneur, selon les diverses classes, porter le nombre des plats à douze, à huit et à six, mais pas davantage et sous aucun prétexte ; tout plat en excès entraînera une amende de deux livres pfennings ; il en sera de même de toute recherche trop magnifique et de toute dépense excessive (muthwillig). Il est enjoint aux hôteliers et aux aubergistes d’observer les mêmes règles et de baser le menu des repas qu’ils serviront aux sujets de la république sur les diverses conditions de ceux-ci ; les