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qu’on aille les y célébrer totalement, sans sa permission expresse.

Moins libéral que le Magistrat de Wissembourg, celui de Strasbourg estime que c’est assez de dîner. Il abolit absolument les soupers de noces, qu’il considère « comme une superfluité inutile et coûteuse », sans distinction de la qualité des personnes. Tout festin de noce, y compris la danse, devait être terminé à six heures du soir en hiver, et à sept heures en été.

Il existait à Strasbourg des fondations charitables destinées à favoriser l’établissement des citoyens sans fortune ; ceux qui y auront recours et en obtiendront des dons devront célébrer leurs noces « avec tranquillité et réserve » ; le même ordre s’applique aux pauvres gens qui participent aux bienfaits de la caisse des aumônes ; à ces noces de la misère il ne devait se trouver que vingt ou trente personnes au plus, et un repas unique était permis sans musiciens, ni danse. La république respectait la joie du pauvre qui se mariait et y aidait avec une générosité touchante : mais elle rendait hommage à la sainteté de l’aumône en défendant de la détourner de son but et de la profaner par des excès.

Quand une noce était terminée, l’autorité voulait savoir comment tout s’y était passé. L’hôtelier chez qui elle s’était tenue devait, dans la quinzaine, adresser au Magistrat un rapport circonstancié de la solennité, avec les noms des époux, l’indication du nombre des convives à chaque repas, la mention si les jeunes gens avaient assisté à la noce ou s’ils avaient été traités en fraude dans des succursales, etc.

Cette ordonnance fut assez fidèlement observée pendant une trentaine d’années. Mais il paraît que, vers 1662, il s’était déjà opéré un assez grand relâchement pour que l’autorité dût prendre des mesures propres à refréner les envahissements que le goût de la dépense s’était permis de faire dans l’ancien règlement. Les hôteliers dépassaient le nombre légal des plats et excédaient les taxes officielles. Un décret du 11 janvier 1662 veut que les hôteliers ainsi que l’époux soient juridiquement interrogés (bey hantrew)