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de l’établissement du protestantisme, le gouvernement de la république promulgua des mandements, des décrets et des ordonnances ayant pour but la réformation de quelque partie vicieuse des habitudes sociales. C’est ainsi que, déjà en 1544, il interdit de célébrer les noces ailleurs que dans les maisons particulières et les tribus, fixa à 50 le nombre des convives qui pouvaient y figurer, borna à deux les jours de réjouissance, et défendit que chaque noce donnât lieu à plus de quatre repas[1]. Toutes les prescriptions partielles qui furent édictées dans le cours du seizième siècle furent enfin réunies et complétées dans le grand travail qui signala la régence du stettmeistre Louis Bœcklin de Bœcklinsau. Cette refonte et cette révision des anciens règlements produisirent la fameuse Polizei-Ordnung de 1628, véritable monument législatif où l’on rencontre, associé à la volonté légale qui réprime, la persuasion morale qui éclaire et conduit. Je prendrai dans ce document[2] les dispositions somptuaires qui, à l’époque de la guerre de Trente ans, étaient en vigueur dans la république de Strasbourg ; elles fixent l’état des mœurs au sortir de la grande crise du seizième siècle. Cette ordonnance, renouvelée en 1708, est demeurée le code général de la police strasbourgeoise jusqu’à la révolution de 1789.

Elle consacre le titre V aux noces. Il y en avait de trois sortes : les Freyhochzeiten, en usage dans la première classe de la bourgeoisie ; les invités étaient traités aux frais des époux et ne donnaient pas de présents ; les Gaabhochzeiten, pour la seconde et la troisième classe ; les invités, en reconnaissance de l’honneur qui leur était fait, offraient des cadeaux aux époux ; les Irtenhochzeiten, apanage commun des trois dernières classes ; chaque convive payait son écot.

Aux Freyhochzeiten et Gaabhochzeiten célébrées, soit dans la

  1. Wencker, Chronick. Mss. de la Bibl. de Strasb. In-fol., année 1544.
  2. Der Statt Strassburg Polizey-Ordnung. Strasb., 1628. In-fol. de 102 pages et un appendice de 48 pages.