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mieux observées si le caprice des princes n’avait pas été le premier à les violer. Quand le fils du châtelain de Blâmont se maria, en 1626, « son festin de noces fut assisté de 218 personnes[1] », et quand le duc Georges de Wurtemberg célébra ses noces, en 1648, avec Anne de Coligny, fille du maréchal de Châtillon, les banquets durèrent trois jours à l’hôtel de ville de Montbéliard[2].

À Mulhouse, le Magistrat avait déjà, en 1571, limité à 80 convives les festins de noces les plus opulents. L’infraction était punie d’une amende de 6 livres stæbler[3]. Après plusieurs renouvellements des anciennes ordonnances, apparut la Reformations-Ordnung de 1750, dont les dispositions passèrent avec plus de précision et de détails dans la rédaction de 1782. Le repas de noces ne pouvait réunir plus de 60 assistants, y compris les époux et tous leurs parents ; les lendemains sont impitoyablement supprimés ainsi que le Hofmeister-Imbis (espèce de banquet supplémentaire qui a dégénéré, dit le texte, en un violent abus) ; les mets doivent être apprêtés modestement, selon la condition de chacun, sans recherche ni raffinement, ni superfluité ; l’ancienne coutume d’envoyer des plats (das Tellerschicken) aux amis et aux connaissances, au moyen de laquelle on éludait la question du chiffre des invités, fut abolie ; il fut seulement permis aux convives d’envoyer quelque chose à leurs parents qui n’avaient pu assister à la noce. Une disposition curieuse est celle qui enjoint aux fonctionnaires chargés de tenir la main à l’exécution de l’ordonnance, d’envoyer à chaque noce deux surveillants (Ambt-Knechte) et même davantage, si le cas le requiert[4]. Quel plaisir délicat de manger et de s’égayer en face et sous la surveillance de la police !

On réforma aussi les abus qui s’étaient introduits dans les banquets de baptême. « C’est une pratique nuisible, incommode, coûteuse et inutile, de servir des repas dans la chambre de l’accouchée, d’y faire des soupers ou de les envoyer tout préparés au dehors ; nous en ordonnons l’abolition[5]. »

  1. Bois-de-Chêne, loc. cit., année 1626.
  2. Idem, année 1648.
  3. Petri, Mülhauses Geschichte, p. 357.
  4. Reformations-Ordnung der Stadt Mülhausen, p. 13.
  5. Reformations-Ordnung der Stadt Mülhausen, p. 11.