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chez lui, sous peine d’une livre et dix schillings par personne conviée[1]. Le paysan et le citadin doivent se contenter de chômer le saint de la localité en famille. La Coutume règle avec une indulgente bonhomie ce qui regarde les baptêmes. Elle permet « de servir un repas convenable, sans dépasser toutefois le nombre de quatre plats, aux femmes qui se sont donné de la peine pour assister l’accouchée ainsi qu’aux parrains et marraines ; lors des relevailles, de bons amis pourront visiter l’accouchée et accepter chez elle un modeste repas[2] ».

Les comtes de Montbéliard avaient rendu plusieurs ordonnances dans le but de modérer les dépenses excessives qui se faisaient aux repas de fiançailles, de noces et de baptême. La plus ancienne est de 1585. En 1631 il fut prescrit : « de n’estre davantage que 12 personnes aux nopces et de ne les point faire chez l’hoste[3]. » En 1650, une nouvelle ordonnance fixa à 16 le nombre des convives, sous peine de 50 livres d’amende. Il ne paraît pas que cette loi ait été toujours très-sévèrement exécutée, car le conseiller Perdrix nous raconte qu’en 1661 « il marchanda son festin de noces au cousin Wild, à raison de 24 batz par teste pour le jour, de 23 batz pour le lendemain, et qu’il se trouva à ses noces 100 personnes le jour et 43 le lendemain[4] ». Le prince de Montbéliard avait peut-être fait une faveur à son conseiller. Mais alors pourquoi ne pas la faire complète ? Pourquoi se montrer tolérant pour les festins et faire le puritain sur le chapitre de la danse ? « On n’y a dansé que deux ou trois rondeaux, dit piteusement le conseiller, pourquoy S. A. S. a esté tellement indignée qu’elle menace de punir exemplairement ceux et celles qui ont dansé. Le bon Dieu le veuille adoucir ! »

Les ordonnances de Montbéliard auraient certainement été

  1. Goutzwiller, Esquisses historiques du comté de Ferrette, p. 77.
  2. Idem, p. 78.
  3. Bois-de-Chêne, Chron., année 1631.
  4. Perdrix, Chronique, année 1661.