fr. environ. — Un banquet de 22 couverts, donné par la ville de Schlestadt à l’unterlandvogt Frédéric de Fürstenberg en 1594, n’occasionna qu’une dépense de 35 livres 6 sols et 8 deniers, à peu près 140 fr. — Lorsque les commissaires de l’archiduc d’Autriche assistèrent, en 1611, à la tenue des états d’Ensisheim, ils logèrent à l’hôtellerie de la Couronne. Ils y séjournèrent 22 jours, du 24 août au 14 septembre. Combien étaient-ils ? On ne le dit pas. Leur compte s’éleva à 589 florins et 11 batz, environ 3,700 fr.[1] ; ce chiffre a déjà une certaine gravité ; il est comme un présage des progrès modernes ; mais l’on voudra bien remarquer qu’il s’agissait d’entretenir des Autrichiens, circonstance qui a toujours passé pour aggravante partout. Il est plus consolant de voir que la libérale maison de Ribeaupierre pourvoyait à sa dépense de bouche pendant toute une année, au milieu du dix-septième siècle, avec la modeste somme de 6,618 florins qui ne dépassent guère 40,000 fr. de notre argent. Un siècle et demi plus tard, en 1798, la ville de Mulhouse dépensait le double pour les fêtes de sa réunion à la France. La civilisation avait vivement marché.
Il n’entre pas dans mon dessein d’exposer une statistique complète de l’économie domestique des anciens temps. Je me borne à quelques aperçus suffisants pour démontrer qu’il existait autrefois un rapport plus facile et plus doux entre les ressources générales de l’individu et la part que les nécessités de la vie prélevaient sur elles ; je veux montrer que le prix des objets de consommation était plus naturellement et plus avantageusement qu’il ne l’est de nos jours, proportionné à la valeur relative du numéraire. Je n’en tire aucune conclusion politique ou sociale défavorable à notre époque, laissant aux philosophes et aux économistes le soin d’expliquer la situation par les raisons qu’ils jugeront le plus propres à nous en consoler. C’est pour aider à les mettre en état de nous rendre ce service que je me permettrai de leur soumettre
- ↑ Archives départementales du Haut-Rhin. Fonds d’Ensisheim. Comptes.