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Puis venait celui des adolescents, qui entonnait ce verset :


Da kommen die N***er Maien Knecht ;
Sie haben gern ihr Pfingstenrecht ;
Drei Eier und ein Stück Speck
Von der Mohren Seiten weg,
Ein halb Mass Wein
In den Kibel nein ;
Da wollen die N*** Maien Knecht zufrieden seyn[1].


(Voici venir les garçons de Mai de N… ; ils tiennent à jouir de leur droit de la Pentecôte : trois œufs et un morceau de lard prélevé sur le côté de la bête, un demi-pot de vin pour notre cuveau. Moyennant cela, les garçons de Mai de N… seront satisfaits.)


Le village de Hürtigheim avait sa fête particulière du Londibol. La jeunesse parcourait la commune en promenant un jeune enfant caché dans des branches et des fleurs et qui représentait l’été ; il portait le nom de Pfingstklötzel. La troupe folâtre réunissait des œufs et du lard qu’elle consommait dans la soirée[2]. Cette cérémonie populaire, qui semble un souvenir païen, se pratiquait aussi à Bouxwiller et dans les environs. Aujourd’hui elle est abandonnée aux jeunes enfants.

Une fête d’un autre genre avait lieu à l’autre extrémité de la province, le 1er mai. On y voyait des moines régaler des paysans. « Par respect pour les religieux de Froideval, il était d’usage de laisser paître en liberté le troupeau du monastère sur toutes les terres du voisinage. Les bergers du canton en avaient soin, et, en retour, les 1er mai, tous les bergers, pasteurs et gardiens de troupeaux du pays pouvaient venir au couvent se régaler depuis le matin jusqu’au soir, à discrétion ; la table était ouverte en permanence. Ils y venaient revêtus de leurs plus beaux habits, leurs chapeaux garnis de rubans[3]. »

Je pourrais rapporter encore beaucoup de preuves de l’esprit de

  1. Erwinia, années 1838-1839, p. 224.
  2. A. Stœber, Der Kochersberg. Mulhouse, 1857, p. 60.
  3. Corret, Histoire de Belfort, p. 288.