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L’on pourrait citer beaucoup d’exemples de ces fêtes de la Révolution, si injustement décriées, bizarres, quelquefois, il est vrai, mais toujours marquées d’une incontestable grandeur et d’un sentiment très-tendre pour les pauvres, les femmes, les enfants et les vieillards, pour tout ce qui est faible et qui souffre. Je confesse que je suis plus touché de ces fêtes vraiment populaires que du faste monarchique qui fut déployé à Strasbourg, à la réception de l’impératrice Marie-Louise, en 1810, où trente-quatre corporations d’arts et métiers, formées arbitrairement, revêtues de costumes d’opéra comique, et un cortège de trois mille paysans et paysannes du Kochersberg, à cheval et dans des voitures enguirlandées, défilèrent devant la nouvelle souveraine de la France. Voici un spécimen du goût qui présida à cette ovation dynastique ; la quatrième escouade des gens de métier était formée de boulangers, fariniers, meuniers, pâtissiers et confiseurs, tous gens appartenant à notre sujet : « Huit maîtres, boulangers et meuniers, habillés en casimir blanc, écharpes bleues garnies en franges d’or, gilet blanc, chapeau gris, portaient, sur un brancard garni d’une draperie et de guirlandes, un petit pavillon à quatre colonnes or et blanc, dont l’intérieur était rempli de pains, brioches et gâteaux du pays formant pyramide. Le tout était décoré de guirlandes, de lauriers et de roses, d’épis et de fleurs des champs, surmonté d’une aigle d’or, autour de laquelle flottaient les drapeaux de la France et de l’Autriche. — Le cortège était précédé de vingt-cinq demoiselles, filles de maîtres, habillées en taffetas blanc, corsets et guirlandes bleu de ciel. Les unes tenaient des vases garnis de fleurs, d’autres des corbeilles remplies de sucreries et de branches de myrte et de lauriers. Deux plus grandes portaient, sur un piédestal couvert d’un coussin de taffetas bleu, une couronne de sucre candi blanc, soigneusement travaillée, avec les chiffres de Napoléon et de Marie-Louise, l’inscription : Raffinerie de