prêtres : les bürgermeister de la ville en étaient de droit. Aucune ville d’Allemagne, dit, avec un naïf orgueil, Jér. Gebwiler, ne peut présenter une association comparable à celle-là. On y pouvait manger tous les jours, et à des prix modérés. Un bon repas, le vin compris, ne dépassait pas (vers 1520) 7 ou 8 deniers. Les mets étaient copieux et délicieusement (lustig) préparés ; le vin d’une qualité parfaite et le pain exquis. Tout s’y passait si honnêtement et si décemment, selon Gebwiler, qu’on se serait imaginé être dans un couvent[1]. Plus tard, d’autres villes d’Alsace eurent des instituts analogues, notamment Colmar. Je parlerai avec détails de sa société du Wagkeller.
Le régime en vigueur dans les régions administratives de Schlestadt n’était pas exceptionnel. Il fut, dans des proportions diverses, celui de presque toutes les villes de la province. Si l’on fouillait bien les vieux comptes, on en acquerrait la démonstration. Comment en douter lorsqu’on trouve, dans la république si correcte et si sévèrement réglée de Strasbourg, la singulière institution des ammeister ou chefs dirigeants de l’État dînant et soupant aux frais de la ville ? Cette coutume était fort ancienne. Pendant l’année de sa régence, l’ammeister prenait ses repas à la tribu de la Lanterne, qui prit de là le nom de Herrenstube. En 1477, les frais du dîner furent taxés à 7 pfenn., sans le vin. On fit observer dans le public que c’était très-cher. En 1562, ces frais avaient doublé ; le dîner coûtait 14 pfenn. Deux valets de ville, vêtus aux couleurs de la république, approvisionnaient la table du vin nécessaire : ils le cherchaient dans la cave de la ville, située derrière la place d’Armes actuelle, et qui était bien pourvue : le vase rassurant dont ils se servaient existe encore à la bibliothèque publique. Le souper fut supprimé dès 1570, l’ammeister régent de cette époque[2] se trouvant trop infirme pour manger deux fois par jour aux dépens de l’État, faiblesse que l’on n’a