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et les employés de la ville ; item, à la réception du serment des bûcherons ; item, aux assemblées générales de la commune ; item, à chaque bannissement ; item, à chaque exécution ; item, quand on afferme les moulins de la ville ; item, quand on ouvre la glandée des porcs ; item, lorsqu’on chasse les bestiaux dans le Riet ; item, lorsqu’ils rentrent du Riet ; item, quand on distribue ou vend du blé de la ville ; item, à l’enregistrement des dîmes ; item, les jours de perception des taxes[1] ; quelques autres encore. Ce n’est pas tout. Le Magistrat aimait de varier ses plaisirs. Quand il était fatigué des repues franches qui se faisaient en ville, il organisait des goûters champêtres sous la feuillée. La pêche des eaux de la ville servait de prétexte. C’était tantôt au Rinenweg, tantôt dans le Burner-Alment et dans d’autres endroits bien choisis. Le 4 juin 1668, il s’amusa très-convenablement au Rinenweg, grâce à une collation excellente arrosée de vins honorablement connus[2]. En 1669 (23 mai), il était dans le Burner. On servit « un repas remarquable » dans un vaste pavillon de feuillage. L’abbé d’Ebersmünster, plusieurs pères de l’abbaye et d’autres personnages de marque y assistaient. Il y eut musique d’instruments à vent et de violons[3].

Enfin, dans les derniers temps de l’ancienne monarchie, le Magistrat de Schlestadt avait encore su ajouter une nouvelle bombance municipale à tant de coûteuses lippées : le dîner de Saint-Joseph. Il faut en lire l’amère critique dans un ouvrage qui parut en 1789, après la suppression des anciens corps de magistrature municipale en Alsace. « En réclamant contre tant d’abus, l’on ne peut s’empêcher d’observer le fameux repas annuel d’invention de l’ancienne municipalité, bien mal nommé le dîner de Saint-Joseph, dont ils faisaient l’orgie et les amples libations sous un titre si inapplicable du repas de Saint-Joseph, qui ne connut jamais que la plus religieuse sobriété, et ne fut surtout

  1. Jér. Gebwiler, Der Statt Schlestatt Ursprung. Mss., p. 73 et suiv.
  2. J. Frey, Chronick. Mss., p. 122.
  3. Idem, p. 123.