Page:Gérard - L’Ancienne Alsace à table, 1877.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée

navets, perdrix rôties, truites. Les gens attachés au service du comte de Hanau mangeaient à une seconde table (Nachtisch), beaucoup moins bien servie que celle des maîtres, et les laquais et bas domestiques à une troisième (Gesindtisch), encore plus sommaire naturellement que la seconde. J’en néglige l’exposé. Le tout est officiellement attesté par Jean-Georges-Frédéric Stauber, trésorier de la cour, avec paraphe. Pendant cette visite, comme dans celle que le comte de Hanau et sa femme avaient faite au mois de juillet précédent, je remarque qu’on servit à table une certaine quantité de cruchons d’eau minérale, de Soulzbach sans doute. Les épices employées dans la cuisine des comtes de Ribeaupierre provenaient toutes de la boutique italienne (Italiœner Laden) qu’un certain Pino tenait à Schlestadt ; ce Pino fournissait aussi les choux-fleurs, légume alors rare et nouveau. La direction des travaux culinaires avait été confiée à deux artistes mandés de Colmar qui reçurent ensemble, pour six jours de service, 10 flor. 12 batz, tandis que le pâtissier-confiseur Frédéric de Widemann toucha à lui seul 9 florins[1]. La maison était mieux montée en 1763 ; elle avait alors ses officiers de bouche permanents et en titre : M. Allée, un Français, était premier cuisinier avec un traitement de 800 liv. ; un autre Français, M. Bazin, était rôtisseur aux appointements de 400 liv. ; M. Pfeffer était cuisinier en second et M. Winckler pâtissier-confiseur (Conditor), chacun avec 400 liv.[2].

Nous venons de voir comment des comtes, des personnages illustres, étaient traités, en 1704, au château de Ribeauvillé. Les républicains de Mulhouse faisaient mieux les choses quand ils se traitaient simplement eux-mêmes. Le 19 novembre 1705, il y eut, à l’hôtel de ville, un grand dîner donné par les bourgeois nouvellement admis dans la cité. Ils étaient au nombre de trente ; mais les invitations adressées au Magistrat, aux membres du

  1. Archives du Haut-Rhin. Fonds de Ribeaupierre. Comptes de 1704.
  2. Idem. Même fonds. Comptes de 1763.