de danses animées et de réjouissances de toute sorte jusque fort avant dans la nuit[1].
Tout n’est pas gai dans les menus ; l’on y est quelquefois exposé à de tristes rencontres. Quand Félix Plater, alors jeune homme, plus tard professeur de médecine à l’Université de Bâle, partit pour aller étudier à Montpellier (1552), son père donna un souper d’adieu. Il ne fut pas long, mais cruel. On y servit un lapin rôti et une caille que Félix avait élevée[2]. Ô barbarie, ô souper impitoyable ! Qui croirait cela du bon vieux temps ? Et peut-on même l’excuser parce qu’ils étaient médecins tous les deux, le père et le fils ?
Ils mériteraient presque que l’on ne parlât point du repas de noces de ce même Félix, qui eut lieu en 1556, à son retour de l’école de Montpellier. Mais rien n’est si laid que de montrer de la rancune à table. Et puis, pourquoi contrister les mânes de ce savant ? S’il a noté le menu de ce grand jour, c’est qu’il a espéré qu’il serait recueilli. Son attente ne sera pas trompée. Les convives de ce festin étaient au nombre de 150 répartis en quinze tables. Batt Osp, hôtelier de l’Ange et bon cuisinier, en fut le fournisseur. Il se composait de quatre services qui furent présentés en cet ordre : 1° hachis de fressure de veau, soupes, bœuf bouilli, poules, brochet au beurre ; 2° pigeons, jeunes coqs, oies grasses, le tout rôti ; 3° une bouillie au riz, une marinade de foie ; 4° du fromage, des fruits et, sans aucun doute, quelques pâtisseries, bien que l’on n’en parle point expressément. Outre le vin ordinaire, le père de Plater fit servir du Rang de Thann, dont la compagnie se délecta grandement, dit le fils[3].
Les exercices militaires auxquels se livraient les bourgeoisies alsaciennes étaient partout accompagnés de buvettes, de collations et quelquefois de repas réglés. Les deux compagnies d’arquebusiers