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convenablement accommodés et bien servis. Les envoyés restèrent quatre jours à Mulhouse. Leur entretien y compris deux repas qu’ils voulurent bien accepter à la tribu des tailleurs et à celle des maréchaux, fut acquitté sur le trésor public. L’état de cette dépense existe aux archives de la ville. Le voici :


À l’hôtelier de la Lune
8
Pfund
13
Schill.
À celui de l’Ange
5
2
Aux deux tribus des tailleurs et des maréchaux
4
flor.
Pour le pain et autres fournitures de bouche
7
Pfund
9
Schill.
Viande de boucherie
4
15
Beurre fondu, cerises et musiciens
2
17
Oignons
»
10
Rapp.
Au chasseur
»
5
Schill.
Pour les cochons de lait
1
19
Pour 2 saumons
6
flor.
Poules et oies
4
Pf.
Pour les épices (achetées chez Luc Iselin, de Bâle)
3
flor.
2 fuders de vin de Kaysersberg et de Guebwiller
9
Pf.
Pourboire aux valets des députés
»
10
Sch.[1]

Toutes ces valeurs réunies font environ 65 Pfund-stœbler ou 53 florins. Voilà des ambassadeurs à bon marché et qui ne mangeaient pas la maison qui les recevait.

S’ils avaient été du tempérament d’un certain Martin Kulm, enfant de Mulhouse, la ville ne s’en fût pas tirée à si peu de frais. Ce Martin Kulm était soldat dans une enseigne mulhousienne au service de France. Il avait fait les guerres d’Italie sous Charles VIII, Louis XII et François 1er, et sa bravoure héroïque était récompensée par une solde double. Payé comme deux, se battant comme quatre, il n’était que logique en mangeant comme six. Il le fit bien voir quand il revint de France, avec son congé, en 1520. Arrivé un jour d’automne, tout poudreux et fatigué à Thann, dernière étape qui le séparait de ses foyers, il entre dans une auberge

  1. Mieg, Gesch. der Stadt Mûlhausen, t. Ier, p. 119, et t. II, p. 136.