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votre poëme d’Hermann représentait une espèce épique ou le genre tout entier : nous voilà revenus à la question.

J’appellerais volontiers votre nouvelle oeuvre un poëme comico-épique, si l’on voulait faire abstraction de l’idée ordinaire et étroite de la comédie et du genre héroï-comique. Votre nouveau poëme est, par rapport à la comédie, ce qu’est Hermann et Dorothée relativement au drame, avec la différence, toutefois, que dans l’un c’est le sujet qui intéresse le plus, et dans l’autre, la manière de le traiter.

Mais je veux attendre votre plan, pour pouvoir vous en dire davantage.

Que dites-vous des nouvelles de la paix de Ratisbonne[1] ? Si vous avez à ce sujet quelques renseignements précis, communiquez-les-moi. Adieu et bonne santé.

Schiller.

38.

Réponse de Gœthe à la lettre précédente. Nouvelles du traité de paix de Ratisbonne. Réflexions sur la tragédie et l’épopée.

Les nouvelles de la paix ne sont point fausses. Au moment où les Français entraient pour la seconde fois à Francfort et étaient encore aux prises avec les Autrichiens, un courrier est arrivé, apportant la nouvelle de la paix. Les hostilités ont été aussitôt suspendues, et les généraux des deux armées ont dîné avec le bourgmestre, à la Maison-Rouge. Les Francfortois ont donc, au prix de leur argent et de leurs souffrances, joui d’un coup de théâtre comme on en voit peu dans l’histoire ; et nous aussi nous aurons assisté à cette époque importante ; nous verrons ce que produira ce changement dans les détails et dans l’ensemble.

Je suis bien d’accord avec vous sur ce que vous me dites aujourd’hui dans votre lettre de l’épopée et du drame ; c’est décidément une habitude pour moi de me faire expliquer et éclaircir mes rêves par vous. Je ne puis rien ajouter ; mais

  1. Il s’agit de la paix qui fut conclue, en effet, à cette époque, à Ratisbonne, entre les Français et les Autrichiens.