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TOI ET MOI


Ainsi, déjà ! tu vas entrer dans mon passé !
Nous nous rencontrerons par hasard dans les rues…
Je te regarderai de loin, sans traverser…
Tu passeras avec des robes inconnues…

Et puis nous resterons sans nous voir de longs mois…
Et mes amis te donneront de mes nouvelles…
Et je dirai de toi qui fus mon sang, de toi
qui fus ma force et ma douceur : « Comment va-t-elle ? »

Notre grand cœur, c’était cette petite chose !…
Étions-nous assez fous, pourtant, les premiers jours !
Tu te souviens, l’enchantement, l’apothéose ?…
S’aimait-on !… Et voilà : c’était ça, notre amour !

Ainsi nous, même nous, quand nous disons « je t’aime »
voilà donc la valeur que cela a ! Mon Dieu !…
Vrai, c’est humiliant… On est donc tous les mêmes ?
Nous sommes donc pareils aux autres ?… Comme il pleut !