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TOI ET MOI

elle me les rend palpitants
avec l’air qui les enveloppe…
Penses-tu qu’il en tienne autant
au fond de ton stéréoscope !…
Tu ne trouves donc pas que c’est triste à mourir
ce blanc, ce noir, ces traits précis et décevants,
cercueils exacts où le passé fut pris vivant
mais tenu si serré qu’on ne peut l’en sortir !…
Tu montreras à nos amis ces sarcophages
où des moments de nous sont ainsi prisonniers.
Ils s’émerveilleront : « C’était grand, votre plage !
C’était beau, ce pays ! Quels arbres vous aviez !
Vraiment vous viviez seuls dans ce petit village ?… »
Puis ils riront d’un geste un peu gauche que j’eus…
Amuse-toi. Fais-leur vivre notre voyage.
Mais moi, ces chers endroits, ces murs qui m'ont tant plu,
ces cadres où tu mis tes différents visages,
ne me les montre pas : je ne les verrais plus.
J’ai des images merveilleuses dans ma tête.