Page:Géraldy - Les Petites Âmes, 1908.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tel, assoiffé d’amour, sans espoir d’aimer mieux,
tu te plaisais à bavarder avec les femmes,
ne pouvant que baigner tes doigts dans leurs cheveux
lorsqu’elles se penchaient pour te tendre leurs âmes.

Tu regardais le jour mourir dans leurs yeux noirs,
quand l’ombre descendait sur leurs cruches d’argile.
Et la Mélancolie est née en toi, un soir,
des beaux yeux d’une femme et d’un ciel d’évangile.

À l’heure où l’horizon se resserre et décroît,
tu savais des secrets pour te faire aimer d’elles,
et tu dressais, sous ta tunique à longs plis droits,
ta forme étudiée au rebord des margelles.

Les femmes t’adoraient pour l’azur de tes yeux
où tes longs cils baissés mettaient une ombre noire.
Les enfants t’écoutaient pour tes mots merveilleux,
et les pâtres naïfs t’aimaient pour tes histoires.