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Et des vieilles qui vont tout bas, comme elles peuvent,
toutes gauches de n’être pas agenouillées,
meublent la rue ainsi de vieilles robes neuves
qui, même sur leur corps, ont l’air d’être pliées.
 
On les dépasse. On cherche une vie et des êtres…
On longe des couvents et des murs d’hôpitaux.
Et l’on ne voit des yeux qu’à travers des fenêtres
où des géraniums fleurissent dans un pot.

Tout est humble et silencieux. Sur l’Esplanade,
des vieux inoccupés passent le long des bancs.
Ils viennent là, vieillir d’un jour sous le ciel fade,
ralentissant leur vie afin d'emplir le temps.

Sous les grilles, dans les jardins, les roses dorment.
Les enfants ennuyés, attentifs, doux et las,
les jeunes filles, sous leurs nattes d’uniforme,
grandissent quelque part, au fond des internats.