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l’Europe aimable, avec ses fleurs et ses vins frais,
ses femmes, sa musique fine et ses dentelles…
la vieille Europe, avec sa Suisse et ses Français !

Mais autour d’eux, tandis qu’ils rêvent aux là-bas,
ils sentent les soleils et les êtres hostiles.
S’ils tentent, par ennui, de pencher leurs fronts las
sur les yeux trop étroits où leurs amours s’exilent,
leurs yeux occidentaux ne s’y reflètent pas…
Les paysages bleus ont des noms difficiles.
Les couleurs, les odeurs et les sons leur font mal.
Ils ont peur de la voix sensuelle des terres,
moites de parfums chauds et d’amour animal…
Ils reviennent, troublés, vers les embarcadères,
et regardent partir, sous les ciels criblés d’ors,
loin de la terre humide, enfiévrée et malsaine,
virant aux cris des cabestans et des sirènes,
les bateaux noirs, qui s’en retournent vers les ports…