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VOYAGES




Les pauvres, les naïfs et les neurasthéniques,
las des trottoirs, des villes d’eaux et des faux-cols,
rêvent de pays d’ocre et de ciels exotiques,
de fruits au goût étrange et de hauts parasols.
Leurs désirs enhardis refont des grands voyages
avec des souvenirs de journaux illustrés…
Leurs songes sont, ainsi que les belles images,
pleins d’indigènes nus dans des décors dorés…
Leurs sommeils sont hantés de vaisseaux et d’escales,
d’oiseaux de paradis dans des huniers en fleurs
de déserts d’eau, d’immensités horizontales,
d’astres nouveaux éclos dans des mers de couleur !…
Ils partent, dédaigneux des Marseille qu’ils quittent