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SARTHE.

échu à Charles le Chauve, et s’en étant emparé, sa décadence fut aussi rapide qu’elle devait être longue. Cette belle province, que se disputaient plusieurs souverains, est, en effet, à dater de cette époque, périodiquement ravagée par les Normands. Ces pirates surprennent le Mans, qu’ils pillent et dont ils massacrent les habitants ; ils entrent dans Sablé, où le pape Urbain II, en 1096, devait venir prêcher la première croisade. Ils s’emparent encore d’autres villes et ne se retirent que chargés de butin, se promettant de revenir bientôt.

Les comtes du Maine, auxquels Hugues Capet avait rendu la puissance héréditaire en la personne de Hugues Ier, ne parvinrent pas à repousser complétement ces obstinés envahisseurs, et l’un d’eux, Herbert, connu sous le nom bizarre et expressif d’Éveille-Chien, reconnut pour son suzerain Guillaume le Bâtard, lorsque le duc de Normandie, sous prétexte d’appuyer les droits de son fils Robert, qui avait été fiancé à la fille d’Herbert II, entra dans le Maine et soumit la province à son autorité.

Pour consolider la conquête du comté, qu’il ajoutait à son duché héréditaire de Normandie arraché par Rollon à la faiblesse de Charles le Chauve, Guillaume fit démanteler le Mans et construisit dans cette ville un château fort. Mais, désireux de s’attacher ses nouveaux sujets, il leur accorda des franchises municipales ou, du moins, leur conserva celles qu’ils possédaient déjà. Toutefois, les Manceaux ne se laissèrent ni intimider par la construction de cette forteresse, ni gagner par les faveurs que le vainqueur daignait leur accorder. Lorsque Guillaume se fut emparé de l’Angleterre, ils profitèrent de son éloignement pour se soulever (1066). Le pays tout entier suivit leur exemple ; mais le roi d’Angleterre leur imposa de nouveau son joug détesté. Trois révoltes successives furent ainsi comprimées. À la faveur des divisions qui s’élevèrent ; entre les ducs Robert et Guillaume le Roux, fils et successeurs de Guillaume le Conquérant, les Manceaux prirent de nouveau les armes. Ils furent soutenus dans cette lutte longue et acharnée par Hélie de la Flèche, représentant héréditaire