FORÊT DU RÊVE
Sauvage forêt des Ardennes,
Je ne te connais pas ; j’aspire à toi pourtant.
Il me semble qu’au loin une forêt m’attend
Où se croisent des voix soudaines.
Étrange et tragique forêt !
Forêt du rêve, où vont les cerfs aux étangs sombres,
Où, par les soirs mystérieux, au fond des ombres,
L’œil de feu brûle et disparaît !
Forêt du rêve, où l’air palpite,
Où les reflets tremblants pénètrent à regret,
Où, dans ma froide chair, mon cœur s’arrêterait
Après avoir battu trop vite !
Merveilleuse forêt de nuit,
Où, si quelque rayon vous frappait les prunelles,
On pourrait voir passer les biches éternelles
Et le chasseur noir qui les suit…
Tressaillante à des voix soudaines,
Je sais, je sais qu’au loin une forêt m’attend.
Je ne te connais pas ; j’aspire à toi pourtant,
Sauvage forêt des Ardennes !
