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qu'elle jette quelques cris et que les femmes qui raccom- pagnent feignent de la défendre. Pourquoi ce rite? Est-ce un symbole de la pudeur de la jeune fille? Gela est peu probable; le moment de la pudeur n'est pas encore venu; car ce qui va s'accomplir d'abord dans cette maison, c'est une cérémonie re- ligieuse. Ne veut-on pas plutôt marquer fortement que 1& femme qui va sacrifier à ce foyer n'y a par elle-même aucun droit, qu'elle n'en approche pas par l'effet de sa volonté, et qu'il faut que le maître du lieu et du dieu l'y introduise par un acte de sa puissance ? Quoi qu'il en soit, après une lutte si- mulée, répoux la soulève dans ses bras et lui fait franchir la porte, mais en ayant bien soin que ses pieds ne toucKent pas le seuil *.

Ce qui précède n'est que rapprct et le prélude de la céré- monie. L'acte sacré va commencer dans la maison.

3" On approche du foyer, l'épouse est mise en présence de la divinité domestique. Elle est arroséQ*.d'eau lustrale; elle touche le feu sacré^. Des prières soiiL dites. Puis les deux époux se partagent un gâteau, un pain, quelques fruits s.

Cette sorte de léger repas qui commence et finit par une libation et une prièi-e, ce partage de la nourriture vis-à-vis du foyer, met les deux époux en communion religieuse ensemble, et en communion avec les dieux domestiques*.

Le mariage romain ressemblait beaucoup au mariage grec, et comprenait comme lui trois actes, traditio, deductio in do- mum^ confarreatro.

1° La jeune fille quitte le foyer paternel. Comme elle n'est

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littGavîiTtaTOv.

2. Ignem undamque jugalem (Valer. Flaccus, Argonaut., VIII, 245).

3. Pliitarque, Solon, 20; Prsec-conjwf., 1. Même usage chez les Macédo- niens; Qiiinle-Curce, VHI, 16 : Jitssit affunH patrio more piinem; hoc crat apud Macedones sanclissimum cocuntium pignus; quem divisum gladio ulogue libabat.

4. De là cette expression de Platon, Tâiç [ASTà Oêwvxol {epwvYàfAwvcXOo'JTOtiî tlz Tr,v ofxîav (Lois, V'III, p. S'il), et cette autre de Plutarque, zlt; xûtvojvia yi'io'jc, éXOetv "zb. \xi~('.o~'x v-ai xi;j.'.wTaTa ?.a ',0.6 âvo vrac xal oiîovTocç (Vie do Thésée, lO). Le même écrivain dil ailleiiri ([u il n'esi pas de lien plus sacré que le mariage, oûx édti UpwTS pa vcaTâÇeii|t<; {Ainalorius, 4,).

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