CHAP. III. LE FEU SACRÉ. 23
Voyez Alceste qui va mourir, donnant sa vie pour sauver son époux. Elle s'approche de son foyer et l'invoque en ces termes: «0 divinité, maîtresse de cette maison, c'est la dernière fois que je m'incline devant loi, et que je t'adresse mes prières-, car je vais descendre où sont les morts. Veille sur mes enfants qui n'auront plus de mère ; donne à mon fils une tendre épouse, à ma fille un noble époux. Fais qu'ils ne meurent pas comme moi avant l'âge, mais qu'au sein du bonheur ils remplissent une longue existence'. » C'était lui qui enrichissait la famillet Plâute, dans une de ses comédies, le représente mesurant ses dons au culte qu'on lui rend *. Les Grecs l'appelaient le dieu^»*=^ de la richesse, xt^aioç*. Le père l'invoquait pour ses enfants et lui demandait « de leur donner la santé et une abondance de biens' . » Dans l'infortune l'homme s'en prenait à son foyer et lui adressait des reproches; dans le bonheur il lui rendait grâces. Le soldat qui revenait de la guerre le remerciait de l'avoir fait échapper aux périls. Eschyle nous représente Aga- memnon revenant de Troie, heureux, couvert de gloire; ce n'est pas Jupiter qu'il va remercier; ce n'est pas dans un temple qu'il va porter sa joie et sa reconnaissance; il offre le sacrifice d'actions de grâces au foyer qui est dans sa mai- son". L'homme ne sortait jamais de sa demeure sans adres- ser une prière à son foyer; à son retour, avant de revoir sa femme et d'embrasser ses enfants, il devait s'incliner devant le foyer et l'invoquer®.
Le feu du foyer était donc la Providence de la famille. Son culte était fort simple. La première règle était qu'il y eût toujours sur l'autel quelques charbons ardents; car si le feu s'éteignait, c'était un dieu qui cessait d'être. A certains moments de la journée, on posait sur le foyer des herbes sèches et du bois; alors le dieu se manifestait en ilammo
1. Euripide, AloetU, 163-168.
2. Plaute, Aululaire, prologue.
3. eti; iiTilsio;, Eustathe, in Odysê., p. 17S6 et 1814. Le Z>ù< Kt■^1^o^, dont il Cbl couTeot fait mention, est un dieu domestique, c'est le foyer.
4. Isée, De Cironit hered., 16 : «iCxits '^|>,Tv ù^Utav SiSivmi ■«! «t<|<iv «-[«t^». i. Eschyle, Agam., 8Si-8S3.
•. Caton, Dt rtrutt., 3. Euripide, Hercvl Air., 523
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