182 LIVRE III. LA CITt.
Il est juste d'ajouter que, lorsque les convives avaient lati»- fait à la religion en mangeant les aliments prescrits, ils pou- Taient immédiatement après commencer un autre repas plus succulent et mieux en rapport avec leur goût. C'était assez l'usage à Sparte*.
La coutume des repas sacrés était en vigueur en Italie au- tant qu'en Grèce. Aristote dit qu'elle existait anciennement chez les peuples qu'on appelait OEnotriens, Osques, Ausones*. Virgile en a consigné le souvenir, par deux fois, dans son Enéide; le vieux Latinus reçoit les envoyés d'Enée, non pas dans sa demeure, mais dans un temple « consacré par la reli- gion des ancêtres ; là ont lieu les festins sacrés après l'immo- lation des victimes ; là tous les chefs de famille s'asseyent ensemble à de longues tables ». Plus loin, quand Énée arrive chez Évandre, il le trouve célébrant un sacrifice ; le roi est au milieu de son peuple; tous sont couronnés de fleurs; tous, assis à la même table, chantent un hymne à la louange du dieu de la cité*.
Cet usage se perpétua à Rome. Il y eut toujours une salle où les représentants des curies mangèrent en commun. Le sénat, à certains jours, faisait un repas sacré au Capitole*. Aux Jêtes solennelles, des tables étaient dressées dans les rues, et le peuple entier y prenait place, A l'origine, les pon- tifes présidaient à ces repas ; plus tard on délégua ce soin à des prêtres spéciaux que l'on appela epulonet*.
Ces vieilles coutumes nous donnent une idée du lien étroit qui unissait les membres d'une cité. L'association humaine était une religion ; son symbole était un repas fait en commun.
1. Athénée, IV, 19; IV, 30.
3. Aristote, Politique, VU, •, %■», éd. Didot, p. «11.
8. Virgile, VII, 174 et suiv.; VIII, 103-ill, 383-30i.
4. Denys, II, 23. Aulu-Gelle, XII, 8. Tite-Live, XL, 19.
5. Gicéron, De oratore, III, 19 : PorUifice» veteres, propUr êocriflciorvm tnuUitudinem très viros epulones esse voluerunt.... ut illud ludorum epulare
acri/icium facerent. Le mot epulwn se disait proprement des repas en l'honneur des (lieux. Festus, éd. MûUer, p. 78 : Epuloyxe».... datum his nomen quod epu- la* indicendi Jovi cxteHsque diii poteêtatem haberent. Voy. Tite-Live, XXV, 3; XXVII, 36; XXLX, 38 ; XXXIII, 42; XXXIX, 46, in quo toto foro ttrata tri- clinia. CioéroD, pro Mwrena, S6 : qwtm epuiwn popuio romano dmrtt.
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