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Sauf deux ou trois honorables exceptions les tyrans qui se sont élevés dans toutes les villes grecques au quatrième et troisième siècle, n’ont régné qu’en flattant ce qu’il y avait de plus mauvais dans la foule et en abattant violemment tout ce qui était supérieur par la naissance, la richesse, ou le mérite. Leur pouvoir était illimité ; les Grecs purent reconnaître combien le gouvernement républicain, lorsqu’il ne professe pas un grand respect pour les droits individuels, se change facilement en despotisme. Les anciens avaient donné un tel pouvoir à l’État, que le jour où un tyran prenait en mains cette omnipotence, les hommes n’avaient plus aucune garantie contre lui, et qu’il était légalement le maître de leur vie et de leur fortune.


Chapitre XIII — Révolutions de Sparte

Il ne faut pas croire que Sparte ait vécu dix siècles sans voir de révolutions. Thucydide nous dit au contraire qu’elle fut travaillée par les dissensions plus qu’aucune autre cité grecque.[1] L’histoire de ces querelles intérieures nous est à la vérité peu connue ; mais cela vient de ce que le gouvernement de Sparte avait pour règle et pour habitude de s’entourer du plus profond mystère.[2] La plupart des luttes qui l’agitèrent, ont été cachées et mises en oubli ; nous en savons du moins assez pour pouvoir dire que, si l’histoire de Sparte diffère sensiblement de celle des autres villes, elle n’en a pas moins traversé la même série de révolutions.

Les Doriens étaient déjà formés en corps de peuple

  1. Thucydide, I, 18.
  2. Thucydide, V, 68.