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respectés et obéis. Il y a toujours eu dans le caractère des anciens, même des Athéniens, une grande facilité à se plier à une discipline. C’était peut-être la conséquence des habitudes d’obéissance que le gouvernement sacerdotal leur avait données. Ils étaient accoutumés à respecter l’État et tous ceux qui, à des degrés divers, le représentaient. Il ne leur venait pas à l’esprit de mépriser un magistrat parce qu’il était leur élu ; le suffrage était réputé une des sources les plus saintes de l’autorité.

Au-dessus des magistrats qui n’avaient d’autre charge que celle de faire exécuter les lois, il y avait le Sénat. Ce n’était qu’un corps délibérant, une sorte de Conseil d’État ; il n’agissait pas, ne faisait pas les lois, n’exerçait aucune souveraineté. On ne voyait aucun inconvénient à ce qu’il fût renouvelé chaque année ; car il n’exigeait de ses membres ni une intelligence supérieure ni une grande expérience. Il était composé des cinquante prytanes de chaque tribu, qui exerçaient à tour de rôle les fonctions sacrées et délibéraient toute l’année sur les intérêts religieux ou politiques de la ville. C’est probablement parce que le Sénat n’était que la réunion des prytanes, c’est-à-dire des prêtres annuels du foyer, qu’il était nommé par la voie du sort. Il est juste de dire qu’après que le sort avait prononcé, chaque nom subissait une épreuve et était écarté s’il ne paraissait pas suffisamment honorable.[1] Au-dessus même du sénat il y avait l’assemblée du peuple. C’était le vrai souverain. Mais de même que dans les monarchies bien constituées le monarque s’entoure de précautions contre ses propres caprices et ses erreurs, la démocratie avait aussi des règles invariables auxquelles elle se soumettait.

L’assemblée était convoquée par les prytanes ou les stratèges.

  1. Eschine, III, 2 ; Andocide, II, 19 ; I, 45-55.