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les archontes avaient été surtout des prêtres ; le soin de juger, d’administrer, de faire la guerre, se réduisait à peu de chose, et pouvait sans inconvénient être joint au sacerdoce. Lorsque la cité athénienne repoussa les vieux procédés religieux du gouvernement, elle ne supprima pas l’archontat ; car on avait une répugnance extrême à supprimer ce qui était antique. Mais à côté des archontes elle établit d’autres magistrats, qui par la nature de leurs fonctions répondaient mieux aux besoins de l’époque. Ce furent les stratèges. Le mot signifie chef de l’armée ; mais leur autorité n’était pas purement militaire ; ils avaient le soin des relations avec les autres cités, l’administration des finances, et tout ce qui concernait la police de la ville. On peut dire que les archontes avaient dans leurs mains la religion et tout ce qui s’y rapportait, et que les stratèges avaient le pouvoir politique. Les archontes conservaient l’autorité, telle que les vieux âges l’avaient conçue ; les stratèges avaient celle que les nouveaux besoins avaient fait établir. Peu à peu on arriva à ce point que les archontes n’eurent plus que l’apparence du pouvoir et que les stratèges en eurent toute la réalité. Ces nouveaux magistrats n’étaient plus des prêtres ; à peine faisaient-ils les cérémonies tout à fait indispensables en temps de guerre. Le gouvernement tendait de plus en plus à se séparer de la religion. Ces stratèges purent être choisis en dehors de la classe des eupatrides. Dans l’épreuve qu’on leur faisait subir avant de les nommer (δοκιμασία), on ne leur demanda pas, comme on demandait à l’archonte, s’il savaient un culte domestique et s’ils étaient d’une famille pure ; il suffit qu’ils eussent rempli toujours leurs devoirs de citoyens et qu’ils eussent une propriété dans l’Attique[1]. Les archontes étaient désignés par le sort, c’est-à-dire par la voix des dieux ; il en fut

  1. Dinarque, I, 171 (coll. Didot).